Noms
Nom latin : Convallaria maialis ou majalis.
Noms communs : muguet des bois, lis des vallées, lys ou lis de mai, clochette des bois, grelot, grillet, amourette, gazon de Parnasse, larmes de sainte Marie.
Étymologie : le nom muguet, connu dans les textes depuis 1200 sous la forme mugue ou musguet, c’est un dérivé de musc, musqué, sans doute une altération de muscade, en raison du parfum de la fleur ressemblant à celui de la noix de muscade appelée au XIVe siècle « noix de muguette ».
Habitat
Toute l’Europe, jusqu’à 2000 m, dans les sous-bois frais, chênaies et hêtraies.
Histoire, mythologie et symboles
Le muguet fleurit quand vient le printemps. Il a donc été depuis l’Antiquité une plante idéale pour célébrer la nouvelle saison, les beaux jours qui reviennent et pour attirer les bonnes grâces pour de futures bonnes récoltes.
Jadis, le Convallaria majalis était considéré comme une plante magique hypocrite associée à la magie.
La légende grecque veut que le muguet fut créé par Apollon, dieu du mont Parnasse, pour en tapisser le sol, afin que ses neuf muses ne s’abîment pas les pieds.
Les Romains célébraient au début du mois de mai les Florales, en l’honneur de Flora, la déesse des fleurs.
Le brin de muguet, porte-bonheur a souvent été associé à la Madone, les larmes versées par la Vierge Marie au pied de la croix auraient donné naissance aux fleurs de muguet en forme de clochettes blanches. Toutefois, ses baies rouges
contiennent un puissant bouillon d’onze heures.
La déesse mère nordique, célébrée à l’équinoxe de printemps, était associée au muguet.
Des « mâts de Mai », ou bien des « arbres de Mai », étaient parfois utilisés dans le cadre des festivités Beltaine.
Histoire du muguet du 1er mai
On fait remonter la tradition du muguet du 1er mai à la Renaissance, Charles IX en ayant offert autour de lui en 1561 comme porte-bonheur. La légende veut qu’en 1560, Charles IX et sa mère Catherine de Médicis visitent le Dauphiné où le chevalier Louis de Girard de Maisonforte offre au jeune roi un brin de muguet cueilli dans son jardin à Saint-Paul-Trois-Châteaux. Le roi, charmé, reprend cette pratique d’offrir chaque printemps un brin de muguet à chacune des dames de la cour en disant « Qu’il en soit fait ainsi chaque année », la coutume s’étendant rapidement à travers tout le pays. Une autre version de la légende veut qu’en 1560, Catherine de Médicis charge le chevalier de Saint-Paul-Trois-Châteaux, ville du département de la Drôme, d’une mission secrète auprès des Borghèse, ce dernier revient de chez cette riche famille italienne et, en guise de réussite de sa mission, offre au roi à la cour de Fontainebleau un bouquet de
muguet trouvé dans les bois.
En France, dès 1793, le calendrier républicain de Fabre d’Églantine propose une fête du Travail (« jour du travail ») au 3e jour des sansculottide (le « tridi »), tandis qu’il associe le muguet au « jour républicain », le 26 avril et non le 1er
mai, rompant ainsi avec cette tradition royale.
Cette tradition se perd jusqu’au 1er mai 1895 qui voit le chansonnier Félix Mayol débarquer à Paris, gare Saint-Lazare, et se voir offrir un bouquet de muguet par son amie parisienne Jenny Cook. Une anecdote publiée dans ses mémoires rapporte que faute de trouver un camélia, que les hommes élégants portaient à l’époque au revers de leur redingote, il prend un brin de muguet le soir de sa première sur la scène du Concert parisien. La première étant un triomphe, il conserve ce muguet qui devient son emblème et relance peut-être cette coutume.
À la Belle Époque, les grands couturiers français offrent le 1er mai un brin de muguet à leurs petites mains et à leurs clientes. Christian Dior en fait l’emblème de sa Maison de couture. Dès lors, cette coutume du 1er mai devient une fête dans la région parisienne.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’il sera associé à la Fête du travail, qui date elle-même de 1889. En fait, sous Pétain, la fête des Travailleurs devient la fête du Travail et l’églantine rouge (Rosa canina ou Rosa rubiginosa), associée à la gauche, est remplacée par le muguet.
La vente du muguet dans les rues de Nantes commença peu après 1932, avec l’instauration de la fête du lait de mai par Aimé Delrue. Elle se répandît ensuite à toute la France aux environs de 1936 avec l’avènement des congés payés.
En France, la vente du muguet par les particuliers et les associations non munis d’une autorisation et sur la voie publique est officiellement tolérée le 1er mai en respectant toutefois les autres obligations légales (il s’agit par exemple de muguet du jardin ou des bois et non pas de muguet acheté, sinon ce serait de la revente). La tradition de pouvoir vendre le muguet sur la voie publique remontant à Claude-François de Payan, ami de Robespierre.
Il est produit chaque année 60 millions brins de muguet, vendus à l’unité ou en pots. 85 % de la production nationale de muguet est récoltée dans la région nantaise (une trentaine de maraîchers répartis sur une demi-douzaine de communes et embauchant en contrat saisonnier près de 7 000 salariés), le reste en provenance de la région de Bordeaux. Le marché pèse environ plus de 90 millions d’euros, auquel il faut ajouter le muguet des bois qui représente près de 10 % de cette somme.
En France, il existe une tradition selon laquelle un brin de muguet à 13 clochettes porterait bonheur.
C’est en parfumerie que le muguet est surtout connu, même s’il y est rarement utilisé sous sa forme naturelle. Dès le XVIe siècle, le muguet était un parfum apprécié, notamment des hommes, puisque le terme « muguet » a servi à désigner jusqu’au XIXe siècle un jeune homme élégant. Aujourd’hui on l’utilise dans les parfums féminins comme note de cœur, mais sous forme synthétique, le terpinéol (ou terpinol) étant un excellent succédané. Le muguet est souvent utilisé comme parfum de savon.
Le muguet est associé à de nombreux symboles :
- Le 1er mai, on offre traditionnellement du muguet « porte-bonheur » car il fleurit aux alentours de cette date. Cette tradition est très présente, entre autres, en France, en Suisse, en Belgique et en Andorre.
- Les noces de muguet symbolisent les 13 ans de mariage dans le folklore français.
- D’après le langage des fleurs, le muguet signifie « le retour du bonheur », symbole du bonheur retrouvé, d’amour et de bonheur mêlés.
- Dans le calendrier républicain, le Muguet était le nom attribué au 7e jour du mois de floréal.
- Depuis 1982, le muguet est la fleur nationale de la Finlande.
- Associé aux astres Mercure, Vénus et Lune.
Propriétés et indications en phytothérapie
On utilise le rhizome, les feuilles et les fleurs de la plante, avec précaution et en respectant les doses.
- Système circulatoire : action tonicardiaque, ralentit et renforce le cœur sans élever la tension artérielle (entre digitaline et ouabaïne). Similaire à l’action de la digitaline sans accumulation, mais d’effet lent et progressif.
-> Indications : insuffisance cardiaque, asystolie, hyposystolie, arythmie, hypotension, angine de poitrine, palpitations nerveuses, œdèmes cardiaques. Mêmes indications que l’aubépine.
- Système urinaire : action diurétique.
-> Indications : néphrites chroniques, goutte, maladie de Basedow.
- Autres propriétés : sédatif, antispasmodique, émétique (vomitif), purgatif (rhizome), sternutatoire (fait éternuer : fleurs séchées en poudre prisées pour les maux de tête).
Utilisation en phytothérapie
Si le muguet a été utilisé en infusion de feuilles, le risque d’intoxication conseille d’utiliser à la place l’aubépine, qui
possède des propriétés et indications similaires pour le système circulatoire et le cœur, sans toxicité.
Homéopathie
Convallaria maialis 3X ou 4CH, 3 granules par jour, jusqu’à amélioration puis espacer.
Indiqué dans l’Éréthisme cardiaque : irrégularité du cœur, irrégularité du pouls dans sa force et dans son rythme (assez lent au repos et couché, rapide et irrégulier debout ou en mouvement), douleur de la région précordiale (au niveau de la pointe), palpitations de cœur, sensation d’arrêt du cœur qui repart en bond, difficulté respiratoire, oligurie, et parfois violentes douleurs utérines, prurit vaginal ; aggravation dans une chambre chaude et de 14 à 17h ; amélioration au grand air, après avoir mangé.
Précautions
Ne pas conserver dans les chambres à coucher : peut provoquer maux de tête, spasmes, convulsions, délire.
Toutes les parties de la plante sont très toxiques, surtout les baies. Le muguet est classé parfois parmi les plantes à très haute toxicité, mais en réalité une intoxication est possible en mangeant un brin entier, avec les feuilles, pour avoir mal
à l’estomac, vomir, et peut-être avoir le cœur qui se met à battre la chamade, symptômes qui passent spontanément. La plante contient des saponosides (à l’origine des irritations) et une vingtaine d’hétérosides cardiotoxiques (dangereux
pour le cœur) : convallatoxine, convallatoxol, convaloside… En cas d’ingestion appeler le centre antipoison le plus proche, le plus rapidement possible. L’ingestion provoque des troubles digestifs constitués d’irritation de la bouche,
de douleurs abdominales, de nausées, de vomissements, de maux de tête, de diarrhées. Ensuite surviennent les troubles du rythme cardiaque accompagnés d’une accélération de la respiration. La mort (rarissime) est provoquée par arrêt cardiaque.
Statistiquement, 200 à 300 appels sont faits aux centres antipoison chaque année en lien avec le muguet, et 95 % de ces appels débouchent sur des conseils apaisants. Environ 8 cas d’intoxication chaque mois de mai, généralement bénins.
Potentiellement dangereux pour la conduite de véhicules ou de machines-outils. Usage déconseillé pendant la grossesse. (très neurotoxique, abortive, par la présence de cétones). Usage déconseillé pendant l’allaitement. Usage déconseillé chez les enfants de moins de 18 ans.
Famille botanique
Classification classique de Cronquist : Liliacées (Liliaceae).
Classification phylogénétique APG III : Asparagacées (Asparagaceae).
Références
Wikipedia, J. Valnet, G. Debuigne, Abbé R. Schweitzer, Santé Nature Innovation.