Définitions
L’urticaire est une dermatose inflammatoire marquée par un œdème du derme (urticaire superficielle, la plus fréquente) ou de l’hypoderme (urticaire profonde). L’urticaire est la résultante d’une activation des cellules cutanées de l’allergie (mastocytes) non nécessairement liée à une allergie. Les symptômes les plus gênants sont les démangeaisons et l’inconfort physique. La gravité de l’urticaire (surtout chronique) tient essentiellement au retentissement sur la qualité de vie des personnes atteintes, au caractère imprévisible des crises et aux répercussions importantes sur l’humeur (anxiété ou dépression), le sommeil et les activités quotidiennes (travail, vie personnelle).
L’urticaire superficielle s’exprime par une éruption cutanée mobile et fugace à contours nets, érythémateuse, papuleuse (marques rouges ou rosées sur la peau, ressemblant à des piqûres d’orties), accompagnée d’une sensation de grattage, et qui change d’endroit au cours d’une même journée, parfois très rapidement, pouvant même disparaître complètement quelques heures ou quelques jours puis réapparaître ensuite.
Dans le cas de l’urticaire géante, la surface couverte est importante, les plaques sont réparties sur plusieurs parties du corps et se rejoignent et les taches se transforment en cloques parfois épaisses de quelques millimètres, avec démangeaisons parfois sévères et sensation de chaleur associée.
Les démangeaisons et la durée de l’urticaire sont variables et peuvent durer quelques minutes, quelques heures et parfois de longues semaines, mois ou années.
L’urticaire est le plus souvent aiguë (par crise de quelques heures pouvant se répéter pendant 4 ou 6 semaines), la forme chronique étant définie par des poussées d’urticaire tous les jours (ou tous les 2 à 3 jours) pendant 6 semaines et plus.
Quelques formes aiguës d’urticaire sont spécifiques à la femme enceinte : par exemple, l’Herpes gestationis au 2è trimestre de grossesse ou le P.U.P.P.P. (Pruritic Urticarial Papules and Plaques of Pregnancy) au 3è trimestre.
L’urticaire profonde est un angio-œdème qui peut atteindre le visage, les mains, les pieds, les organes génitaux ou encore les muqueuses (lèvres, langue, luette, pharynx), avec tuméfaction ferme, limitée et non prurigineuse, atteignant parfois le larynx avec dysphonie, ou avec hyper-salivation par trouble de la déglutition, qui sont des signes de gravitémajeure. Lorsque l’atteinte est faciale, on parle d’œdème de Quincke, avec un gonflement parfois important.
Les urticaires profondes allergiques surviennent toujours sur un mode aiguë et non chronique. Ils sont néanmoins potentiellement graves, du fait notamment de la survenue fréquente d’autres symptômes respiratoires (toux, crises d’asthme), digestifs (douleurs abdominales, vomissements, diarrhée), ou d’un malaise lié à une chute de la tension artérielle. Le choc anaphylactique en est la manifestation la plus sévère.
Les urticaires physiques peuvent être considérées comme des urticaires chroniques (non allergiques) puisqu’elles évoluent généralement sur plusieurs années mais elles ont la particularité d’apparaître seulement après une stimulation physique extérieure qui peut être un frottement, une pression, le froid, la chaleur, l’eau, le soleil ou encore la vibration. La forme la plus fréquente des urticaires physiques est le dermographisme provoqué par le simple frottement de la peau, les vêtements serrés, l’épilation électrique ou à la cire…
L’urticaire cholinergique est induite par une augmentation de la chaleur corporelle à l’occasion d’une activité physique, d’une douche ou bains chauds d’une émotion, de l’ingestion d’aliments ou de boissons chaudes… Elle se manifeste par de nombreuses lésions de la taille d’une tête d’épingle prédominant sur le thorax mais parfois disséminées sur l’ensemble du corps à l’exception le plus souvent du visage.
L’urticaire au froid touche logiquement les zones du corps les plus exposées aux intempéries, le visage et les membres. Une urticaire généralisée peut néanmoins survenir lors de baignades en eau froide (ou avec un écart de température important avec l’air ambiant) potentiellement dangereuses. Elle est parfois induite par l’ingestion d’aliments ou de boissons glacés.
Il existe aussi : l’urticaire retardée à la pression, particulièrement invalidante, survient, comme le dermographisme, sur des zones de pression mais avec un délai de plusieurs heures ; l’urticaire solaire qui touche les zones directement en contact avec les rayons ultraviolets du soleil, et qui survient quelques minutes après le début de l’exposition et disparaît dans la ½ heure suivant l’arrêt de l’exposition.
L’urticaire de contact est une urticaire qui apparaît immédiatement (15 à 30 minutes) après le contact de certaines substances sur la peau saine. C’est donc différent de l’eczéma allergique de contact qui apparaît 48 heures après le contact. L’urticaire de contact siège au début au site d’application de la substance responsable. Elle peut ensuite s’étendre et se généraliser. Elle peut s’accompagner d’un angio-oedème (œdème de Quincke), d’une crise d’asthme ou d’un choc anaphylactique.
Beaucoup de substances sont responsables : végétaux (ortie, thuya, …), animaux (coquillages, méduses, poissons, chenilles, papillons, araignées, poils ou salive d’animaux …), aliments (bananes, blanc d’œuf, épices, farines, noix, pommes de terre, viandes, …), textiles (laine, soie, teintures, …), cosmétiques (dentifrices, déodorants, laques, parfums, savons, vernis, …), agents industriels (ammoniaque, formaldéhyde,…), médicaments (antibiotiques, baume du Pérou, chlorpromazine, diméthylsulfoxide (DMSO), …), sperme humain.
Étymologie : urticaire est un nom féminin, du latin urticaria, dérivé de urtica, « ortie ».
À ne pas confondre :
- Avec les piqures d’insectes.
- Avec l’eczéma qui se caractérise par des vésicules dont l’ouverture va provoquer un suintement suivi de croûtes.
- Avec la varicelle dont les vésicules sont en forme de gouttes de rosée et qui, dans les trois jours, vont se dessécher et former une croûte.
- Avec la rougeole, qui touche principalement les enfants et peut s’accompagner d’une fièvre élevée, de conjonctivite, d’œdème des paupières, yeux bouffis, d’écoulement nasal, de toux, diarrhée, douleurs abdominales, anorexie, vomissements etc.
- Avec le prurigo, dermatose avec démangeaisons qui touche principalement les enfants de 2 à 5 ans, causée par des parasites domestiques. Ces parasites sont parfois visibles (punaises, moustiques, puces…) ou invisibles (acariens). L’affection est une réaction immuno-allergique à la piqûre d’insecte.
Fréquence
Cette affection cutanée est relativement fréquente puisque elle touche de 15 à 20 % de la population, surtout de forme aiguë. On estime qu’entre 150.000 et 180.000 personnes sont atteintes d’urticaire chronique spontanée en France.
La femme de 30-40 ans est la plus atteinte par l’urticaire chronique.
Causes et facteurs aggravants
- Les causes de l’urticaire sont extrêmement nombreuses et, le plus souvent, l’urticaire n’a pas une cause unique : il existe une conjonction de facteurs. Généralement, on retrouve dans les antécédents personnels un terrain atopique (allergique) dans plus de 50 % des cas, et plus particulièrement des antécédents d’allergie alimentaire ou encore un « terrain histaminolibérateur » (le phénotype typique du roux/blond à la peau très blanche).Tous les médicaments peuvent provoquer une urticaire. Cependant, certains d’entre eux sont plus souvent invoqués : antibiotiques, antalgiques (aspirine, …), anti-inflammatoires, histamino-libérateurs, … Les médicaments sontresponsables de 30 à 50% des urticaires ; les angio-œdèmes seuls font soupçonner certains médicaments anti-hypertenseurs ou les œstrogènes par exemple.
- Les aliments et les substances additives sont une cause fréquente d’urticaire :
- Aliments libérateurs d’histamine : œufs, chocolat, fraises, ananas, fruits exotiques, crustacés et coquillages, poissons, alcools, tomates, lait (fermentation), thé, café, etc. ;
- Aliments riches en histamine : chocolat et cacao, fruits (frais, en jus, confiture, glaces : agrumes, banane, fraises, ananas), boissons alcoolisées fermentées ou distillées (bière, vin, vin de noix, cidre, liqueur de noisette), fromages fermentés (camembert, cheddar, emmenthal, gouda, parmesan, roquefort, brie, …), blanc d’œuf frais, charcuterie (saucisson sec, jambon et toute la charcuterie emballée), viande bovine, foie de porc, légumineuses (pois, lentilles, haricots, fèves, …), fruits secs (noix, noisettes, cacahuètes contenus dans les pralinés, glace, biscuits, confiserie, céréales), poissons (frais : thon, sardine, saumon, anchois, maquereaux ; poissons surgelés, séchés, fumés, œufs de poisson, conserves de poisson), coquillages et crustacés, épinards, tomate, petits pois, choux, choucroute, etc. ;
- Aliments riches en tyramine (précurseur chimique de l’histamine) : lait, fromages (cheddar, boursault, gruyère, emmenthal, brie, camembert, parmesan, roquefort…), poissons (hareng saur, salé, séché, thon, caviar), charcuterie (saucisses fermentées, salami…), gibier faisandé, chocolat, tomate, banane, figue, avocat, choux, raisins, vins, légumineuses (soja, cacahuète, …), extrait de levures, etc.
- Les additifs alimentaires (colorants, conservateurs, émulsifiants, épaississants, gélifiants, aromatisants, quinine, …) et agents contaminants (antibiotiques, fongicides, vermifuges, Nickel, levures, moisissures, …)
- Pour l’urticaire aiguë, une cause allergique peut être retrouvée : les médicaments, les aliments (fraises, fruits de mer, lait de vache, …) , les piqûres d’insectes et le latex par exemple peuvent être en cause… Certaines urticaires sont déclenchées par un contact direct avec les végétaux (orties) et animaux (chenilles processionnaires, méduses…). On trouve souvent un contexte d’infection virale chez l’enfant, presque toutes les maladies infantiles peuvent s’accompagner de poussées d’urticaire : varicelle, rougeole, rubéole, hépatites, etc. Il existe aussi une forme d’urticaire nerveuse apparaissant à la suite d’un stress important ou une grande fatigue.
- L’urticaire géante peut être causée par un aliment (arachides, crustacés, fromage…), la poussière, une substance chimique, une piqûre d’insecte, un médicament ou le stress.
- L’eau, le froid, la pluie, la pluie, la neige, ou encore les baignades en eaux fraiches peuvent déclencher l’urticaire au froid. Des réactions plus violentes, comme de douleurs abdominales, une crise d’asthme ou un choc anaphylactique peuvent s’observer. Un test pratiqué en milieu hospitalier en appliquant un glaçon sur l’avant-bras permet de confirmer le diagnostic. Cette urticaire est le plus souvent sans cause déterminée, ou parfois liée à un virus. Ce type d’urticaire doit faire rechercher une anomalie sanguine, comme la cryoglobulinémie.
- Pour l’urticaire chronique, on retrouve parfois des causes allergiques (médicaments, aliments, allergènes aériens), mais aussi des pathologies internes (infection, pathologie dysimmunitaire, anomalie de la thyroïde…), ou encore la chaleur, l’eau froide, l’effort intense ou le soleil.
L’urticaire peut précéder les manifestations d’une maladie virale (hépatite, mononucléose infectieuse, rougeoles …) ou accompagner la plupart des parasitoses (ascaridiose, ankylostomiase, trichinose, taeniases, lambliases, amibiase, filarioses, schistosomiase, etc.). Au cours de l’urticaire chronique, il est fréquent de mettre en évidence un foyer bactérien dentaire, ORL, pulmonaire, hépato-biliaire ou génital sans que leur responsabilité soit prouvée. Il en est de même pour les candidoses (champignons). Dans 50 à 80% des cas, on ne retrouve pas la cause de l’urticaire chronique. Une origine psychosomatique est alors suspectée et on parle alors d’urticaire chronique spontanée. - L’urticaire peut être un symptôme en relation avec une maladie générale : lupus érythémateux disséminé, collagénoses, maladie de Still, hémopathies, hyperthyroïdie, néoplasie profonde, …
- Certains aliments riches en histamine, comme le chocolat, les crustacés, le thon ou les fraises par exemple, peuvent aggraver l’urticaire chronique. Des médicaments, comme l’aspirine, les anti-inflammatoire non stéroidiens, la morphine et la codéine peuvent également aggraver l’urticaire.
- Des facteurs aggravants non spécifiques semblent également intervenir : alcool, stress, émotions, efforts physiques, périodes prémenstruelles, etc.
Traitement allopathique
- Symptomatique : antihistaminiques (de « seconde génération »), action rapide en 30 minutes à 1 heure pendant en moyenne 24 heures.
- En cas d’urticaire aiguë le traitement peut être limité à une semaine ou deux.
- En cas d’urticaire chronique ou d’urticaire aiguë récidivant fréquemment, la prise d’anti-histaminiques sera quotidienne souvent pendant plusieurs mois afin de diminuer les démangeaisons et l’importance des éruptions. 1/3 à 1/4 des personnes atteintes ont une persistance des symptômes malgré une optimisation des doses d’anti-histaminiques.
- Corticostéroïdes lors des poussées ou dans l’urticaire géante.
- D’autres produits en cas de non efficacité des antihistaminiques ou d’urticaire chronique : antileucotriènes, immunosuppresseur, anticorps monoclonal contre les IgE.
- Évitement des facteurs déclencheurs (médicaments) ou d’aggravation tels que la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, les états inflammatoires, le stress ou les sources de chaleur…
- En cas d’urticaire physique, il est souhaitable d’éviter :
- les frottements sur la peau en cas de dermographisme (porter des vêtements amples)
- les déplacements par temps froid ou humide, les baignades ou sports en eau froide en cas d’urticaire au froid
- les efforts physiques, l’ingestion d’aliments chauds et/ou épicés en cas d’urticaire cholinergique
- le port de charges lourdes ou des pressions importantes en cas d’urticaire retardée à la pression
- les expositions solaires sans protection vestimentaire et/ou crème solaire en cas d’urticaire solaire
- les vibrations intenses en cas d’angio-œdème vibratoire (dans le cadre professionnel, ménager ou des loisirs)
- Recherche de la cause déclenchante, surtout pour l’urticaire chronique ou récidivante, puis évitement des allergènes dans les cas d’allergie (médicaments, aliments, …). Le diagnostic peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Malheureusement, l’origine de ce type d’urticaire n’est retrouvé que dans 20% à 30% des cas au maximum.
Traitements naturels
Ils reposent à la fois sur le soulagement des symptômes, mais surtout sur le traitement du « terrain allergique » (appelé terrain atopique ou migraineux en médecine classique), presque toujours présent.
Les méthodes les plus efficaces sont : la phytothérapie, l’oligothérapie, l’homéopathie, l’acupuncture, les thérapies émotionnelles. Elles sont de préférence associées pour traiter l’ensemble des dimensions de l’être humain et donc l’ensemble des causes possibles.
Références
fr.wikipedia.org, sante-medecine.journaldesfemmes.com, asthme-allergies.org, dermato-info.fr, weballergies.com, cerar.ma